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検索対象: Fernand Léger
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1. Fernand Léger

Léger, solidaire de son temps : les années は 917 ー -1939 Yasuto Ota Conservateur au Musée d'Art Moderne, Kamakura "NOLJS vivons une epoque dangereuse et magnifique dans laque/le s'en/acent désespérément /a / 加 d'un monde et la naissance d'un autre. Mais derriére cette figure anxieuse et tourmentée, qL1e/ql.ES fleurs timides sortent de cet amas comp/exe d'éléments décadents et de primi- tives a 〃 sa ″ ons. (... 丿 〃ね砒 je crois / 0 / / e 「 le moyen äge po 肥な 0 リ ve 「 des temps aussi dramatiques. ' •Léger etla Premiére Guerre MondiaIe Fernand Léger La guerre de 14-18 a transformé l'Europe. La "Belle Epoque" était finie. Les cercles qui avaient donné naissance aux mouve- ments artistiques d'avant-garde comme 厄 cubisme ou la pein- ture abstraite étaient brisés. C'est ainsi qu'il faut comprendre les paroles de Picasso: "J'ai accompagné Braque ぬ gare d'Avi- gnon. Je ne l'ai plus jamais revu". De plus, nombreux sont les jeunes peintres qui sont morts pendant cette guerre tels BOC- cioni, Raymond Duchamp-Villon ou encore Franz Marc. Avec l'aprés-guerre commenqa un monde nouveau. La guerre constitua une expérience décisive pour Fernand Léger: elle confirma ses convictions personnelles tant au plan artistique qu'au plan de sa pensée. Légerle souligne diverses reprises et écrit: "C'est ね guerre que j'ai mis les pieds dans SOI. En l'espace de deux mois, j'ai appris plus que dans toute ma vie". Dans les lettres que Léger, soldat, envoie du front sa mére et Jeanne, sa fiancée, ⅱ décrit pourtant les horreurs du massacre et les douloureuses expériences de ね Vie sur 厄 front. Ces lettres sont un témoignage et non ぬ preuve d'une fas- cination exercée par la réalité de la guerre. Méme au front, Léger reste l'un des rares peintres qui n'ait pas perdu son regard d'artiste. Ⅱ crayonne sur n'importe quel bout de papier les soldats, les villes, les villages dévastés ( cat. nos. 54-58 ). Nous voudrions souligner que l'artiste n'a rien perdu de son art. Ce n'est pas seulement sa main qui dessine, comme par habitude, mais ⅱ a su garder sa force psychique d'artiste. Léger a découvert pendant は guerre ce qu'il pressentait d dans son atelier 自 Paris: は nouvelle esthétique etles nouvelles valeurs que ね civilisation de は machine accorde 自 l'homme et aux Objets. AvantIa guerre, ⅱ s'était rendu au salon de l'Aviation, acompagné de Duchamp et Brancusi. Tout comme ⅱ avait admiréは beauté des hélices et des moteurs, ⅱ fut fasciné par les chars qui avanqaient en premiére ligne, parle rythme régu- lier de l'artillerie etle scintillement des canons. Surle front, Léger a découvert l'homme du Peuple. Ce fut une révélation qui tranchait avec les discussions sans fin qui réunissaient poétes et peintres dans son atelier. FilS d'éleVeur, ⅱ se retrouve confronté au sens de la réalité de ces soldats, ému parla justesse de leur conduite, qui ne versait jamais dans 厄 sentimentalisme, et touché parla poésie que recélait l'argot si cru qu'ils parlaient. Ⅱ venait de comprendre ce qu'étaitle "Peu- ple" et cette révélation persista tout au long de sa vie dans un engagement politique marqué par un idéal socialiste. •Léger: l'esthétique de ね machine En 1917 , Léger gazé sur 厄 front est transporté dans un höpi- tal militaire. En janvier 1918 , ⅱ est réformé et retourne Paris. «La partie de cartes» (fig. 1), tableau commencé pendant sa con- valescence l'höpital, a pour sujet des soldats qu'il a vus surle front. Toutefois,les soldats ne sont pas ici représentés comme des étres humains, mais bien plutöt traités comme des machi- nes qui épousentles volumes de culasses et d'obus. L'infIuence exercée par Cézanne se fait bien évidemment sentir et ド on se souvient de l'enseignement du peintre: "Traiter は nature parle cylindre, は sphére,le cöne". Cependant, dans ce tableau, Léger dépasse cette problématique plastique pour exprimer son senti- ment direct qui rend compte de ね a ⅱ怕 de ね guerre. Celle-ci a renforcé sa conviction artistique sans pour autant qu'il rejette son adhésion au cubisme. Son expérience de ね guerre a pu ainsilui permettre de réaliser des æuvres qui ne portent aucune trace de mollesse. C'estIe cas de ぬ plastique tubulaire utilisée pour peindre les hommes de «Partie de cartes»:les joueurs brillent comme des machines. Ce style se poursuit jusque vers 1922. Toutefois, ⅱ s'exprime, は méme époque, dans un style différent. Parmiles æuvres les plus significatives, citons «La Ville» (Philadelphie, Museum of Art) et «Les disques dans ね ViIIe» (fig. 2). L'artiste a choisi des cercles de couleurs vives pour rendre dynamisme et rythme des cités modernes, des usines. Ⅱ utilise encore des figures que ド on croise dans une ville moderne—hommes, mannequin, cigarettes, enseigne, escalier —agencés dans une composition de forme libre. Cette utilisation du cercle comme forme géométrique pour exprimer は civilisation moderne évoque les formes circulaires de son ami, peintre Robert DeIaunay. Dans son «Hommage BIériot» (fig. 3) daté de 1914 , les cercles qui naissent des mouve- ments des hélices se répondent comme les couleurs du prisme autour du SO ⅱ ou se superposent. Comparés aux cercles poétiques de Delaunay dontles couleurs évoquentle prisme, les cercles de Léger sont secs, directs, empreints d'un regard trés matérialiste. Dans un de ses textes, Léger note changement radical de ぬ couleur de ぬ capitale avant et aprés guerre. Ⅱ décrit ね cou- leur terne qui recouvre 厄 PariS d'avant-guerre, tandis qu'aprés la guerre, au contraire, un déploiement de tonalités vives sur les affiches, dans les vitrines transforment complétement l'aspect extérieur de は ville. Pendant は guerre, Léger avait rencontré Léon Trotsky et ⅱ lui avait exposé son idée de teinter ville de couleurs vives. Trotsky avait t enthousiasmé et avait conqu de colorer MOS- cou de différentes couleurs pures. Léger considérait que l'art moderne avait une double mis- sion: d'une part, celui-ci devait réaliser sous une forme plasti- que moderne perception que l'artiste a de son temps, d'autre part, ⅱ devait travailler surla a ⅱ怕 elle-méme et は transformer. •Léger et le néo•classicisme Léger possédait cette ViSion moderniste qui caractérise les mouvements avant-gardes des années 1920. Mais, pendant guerre un autre courant artistique s'était développé qui cher- chait établir une tradition, ぬ fOis nationale et moderne. Cette Fernand LEGER 49

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mettre en évidence la réalité dans toute sa misére. Cependant, dans les tOiles de Léger, on ne VOit pas ね「 ep 「 0- duction crue de cette sorte d'atrocités qui donnent envie de se voilerle regard. Si l'on compare Dix et Léger,la différence de leurs deux tempéraments est évidente. En 1916 , aprés avoir 怕 gazé surle front de Verdun, Léger est envoyé dans un höpital des environs de Paris. A ね fin de l'année suivante, ⅱ est démobilisé et son expérience de は guerre se termine は . ・ La machine/l'homme/la peinture Aprés guerre, Léger va chercher directement ses thémes dans l'univers des machines et des travailleurs, dans les phéno- ménes sociaux en général. C'est une nouvelle étape dans son rapprochement avec la r a ⅱ 1 . Dans une SOC 一 exténuée par les désordres de ぬ guerre, un peu partout des mouvements qui veulent tracer des VOies, prennent naissance, qui sont la recherche d'un "ordre nouveau ” , méme dans domaine de l'art. La machine, le travail, qui manifestent 自 coup Sü「 une réponse, conviennent parfaitement comme thémes (cat. nos. 11 , 60 ). Ⅱ découvre de ぬ beauté dans machine—ce produit de ね technique moderne qui répéte l'infinila méme action selon un schéma déterminé, jusqu'ä ce qu'il SO 杙 cassé. Le charme qui se dégage des parties métalliques des machines brillamment polies, le vrombissement régulier des moteurs, 厄 dynamisme préCiS des machines en marche, le rythme sévére des divers processus repris indéfiniment, la lumiére artificielle intense qui éblouitles yeux,les signaux qui clignotent. Tout ceci fait partie de ね physionomie des lieux de travail. Léger va jeter un coup d'æil dans l'enceinte des grandes usines et peint de ね société ouvriére moderne un portrait, plein d'humanité, qui donne en méme temps une définition humaine et esthétique de ね grande ⅶ巨 Le sujet principal de は peinture du XXéme siécle, selon l'affir- mation de Léger, est constitué parl"'objet moderne",inventé par は soc 怕 industrielle. Le prOPOS de Léger était qu'il devait étre par exemple possi- ble de jeter son d VO 旧 sur un de ces Objets issus de l'usine, de lui donner une modulation, une caractéristique, qui en ferait l'expression de は situation et du sentiment régnant dans l'uni- vers des travailleurs dans sa globalité. Ⅱ essaya de découvrirles nouvelles possibilités du réalisme en peinture en observant l"'objet moderne ” et en y décelant une beauté de ね technique. Chez les futuristes italiens qui ont donné une expression la civilisation de machine dans son tourbillon de vitesse et de mouvement énergique, on trouve, premiére vue, un semblant de ressemblance. Néanmoins, chez Léger, ⅱ n'y a pas ce tour d'esprit littéraire présent chez Marinetti,Ie héraut du Futurisme, avec lequel ⅱ eut d'ailleurs un échange de correspondance, et dont l'exaltation agressive lui était tout 自 fait étrangére. Léger est également proche de ぬ sensibilité de Dada qui discerne dans la machine une personnalité, une originalité. MaiS goüt de saisirles choses dans un esprit critique, de les exagé- rer de faqon théåtrale, de les chanter de maniére lyrique n'est pas dans 厄 genre de Léger. Ⅱ dépeintl'objet de maniére plus réelle. Le 「 ObOt de ぬ toile qui estle "fils de machine" ne se veut pas une parodie caricaturale de は silhouette et du compor- tement humains, dans contexte d'une analogie entre ね machine et l'homme. TO 猷 simplements, ⅱ n'est traité que surle plan plastique. La peinture de Léger apporte une réponse sincére, qui repose sur son expérience, l'époque en marche dont ⅱ est le contemporain et dont ⅱ a suivi le cours. Le peintre commence d'abord par décomposerle résultat de son expérience vécue, et aprés l'avoir iSOlé du contexte réel, en exécute nouveau une reproduction sur ね tOile en transposant en une imbrication de formes dynamiques. Chacune des parties, qui composentla sur- face de tOiIe selon une ordonnance plastique distincte de chose réelle, nous permet de suivre cheminement du peintre dans sa contemplation, dans son contact, dans son écoute de ね a ⅱ . Léger fait ね description d'une utopie dans laquelle fonctionne ce réve de l'äge de ね technologie, は machine impré- gnée d'humanité dans laquelle l'homme etla machine cohabi- tent sans heurts, dans l'harmonie. •«La ville» Aprés ぬ guerre, ⅱ entre dans un nouveau stade et cette pein- ture nouvelle demande une technique de peinture adéquate. A cette époque, ⅱ ne peint plus les formes avec un modelé qui rend le clair-obscur avec SOin, maiS ⅱ procéde par larges aplats. Toutefois, ⅱ apporte ぬ plus grande attention au contour et la couleur.. La composition se VOit attribuer une construction rigide, et se présente comme un assemblage équilibré. L'habi- 厄怕 des formes et des contrastes est toujours aussi prodi- gieuse. On croirait étre en train de regarder un kalä・ doscope aux couleurs vives. De nos jours,la décoration de vitrine continue étre stimulée par ce sens-lå du design. «La ville» (fig. 4) qui date de 1919 , et «La ville» de ね méme année, nous montrent ces caractéristiques. Des couleurs forte- ment contrastées, une résonance entre la part abstraite et la part figurative des motifs crée une sensation d'élan généreux et riche de Vie. Avant premiére guerre mondiale, Léger peignait "vil- lage", partir d'une composition de sphéres, de cönes et de cylindres. En traversant la guerre, son regard se dirige vers la réalité de son temps et choisit comme sujet mouvement dynamique de ね grande ville. Ⅱ est attiré parl'élan, parla g 0- métrie, parles couleurs de は ville dans leur modernité. C'est surtout vers les couleurs de ぬ ville que se porte son intérét, et ⅱ goüte 厄 charme des teintes qu'ontles murs dans les architectures modernes. Léger a aiméね grande ville. •«L'homme 目 pipe» En 1920 , Léger faitla connaissance de Le Corbusier ( 1887- 1965 ) , cette grande figure de l'architecture moderne, qui fut éga- lement peintre et sculpteur, et noue des relations d'amitié qui dureront parla suite. Est souvent signalée ね similitude entre ぬ peinture de Léger etle "purisme" de Le Corbusier qui continue cubisme en l'épurant et en poursuivant de faqon radicale une rigoureuse géométrie, et en effet, les tOiles de l-éger sont dOtées d'une grande présence et d'un 0 「 d 「 e semblable celle des pein- tures murales, s'harmonisent avec les nouvelles COnStrl-lCtiOtÄS Fernand LEGER

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les plantes et qui n'a eu de cesse de peindre de ね végétation dans ses tOiles est un "ndl ・ f" fin-de-siécle, on pourra dire que Léger qui a aimé les villes et s'est penché surles machines est un “ na ・汁” de l'ére industrielle. •«Nus dans fO 池ト Les «Nus dans ぬ f0 虍 t ” (fig. 2), grande t0ile qu'il expose en 1911 au Salon des indépendants et qui fit beaucoup de bruit, est l'æuvre ぬ plus importante de cette premiére période pendant laquelle jeune Léger se libére des entraves de ね tradition du passé, et constitue tremplin de son saut dans un univers plas- tique inconnu. La toile est sombre, dans des teintes de roux et de vert- foncé, et de surcroit, les cylindres,les cubes y sont imbriqués en grand nombre et dans désordre, ce qui rend sa compréhen- sion difficile. Si ド on regarde avec attention, on finit par aperce- voir dans ね pénombre des Objets qui ont l'air de parties déta- chées de machines. On peut reconnaitre de grandes figures de géants nus, comme une triade de robots. L'un d'eux est assis au centre, dOS tourné, s'appuyant sur une main. A droite, un géant a un genou posé par terre et tend vers haut paume de sa main. A gauche, un autre se tient debout et tient son bras v . L'impres- sion qui s'en dégage est abrupte, comme s'ils avaient 怕 taillés violemment et ouvragés de faqon grossiére, au ciseau et la hache, dans quelque bloc de matériau. C'est, probablement, une scéne de bücherons au travail. Le SOI est jonché de copeaux et recouvert de pierraille et d'herbes. Dans un COin gauche de la tOile, se dressent trois troncs d'arbres qui sont des cylindres, tubes de couleurs différentes emboités les uns dans les autres, et ceci appelle ぬ moquerie "ce n'est pas du cubisme, maiS du tubisme". C'est は mise en pratique de ぬ fameuse formule qui apparait dans lettre de Cézanne son jeune ami,le peintre et critique Emile Bernard, datée du quinze avril 1904 , "traiterla nature par 厄 cylindre, ね sphére, 厄 cöne, tout mis en perspective ” . Ⅱ démonte l'assemblage continu et organique de ね nature et déconstruit de faqon radicale. Le paysage est comme une forét profonde, immémoriale, qui serait sombre méme de jour, et Oü habiterait une race de géants des temps primitifs. Des rochers tordus par un glissement de ぬ croüte terrestre, et sur SOl qui a t piétiné, des morceaux de troncs d'arbres, de branches, des petits bouts de bOis, des pier- res, des roches, 厄 tout se superposant en pagaille. S'iI y a dans cubisme un acte de déconstruction de l'objet décrit, ⅱ est clairement présent ici aussi. Mais l'objet figuré n'a pas perdu tout son volume, n'a pas 怕 réduit un simple jeu de plans et de lignes. CeIa ne donne pas l'impression de minceur. Au contraire, les volumes se font pleinement sentir, Si pesam- ment méme qu'il en résulte presque de ね lourdeur. Un traite- ment des solides, tout 自 fait original, qui se distingue beaucoup de ce que ド on appelle ordinairementle cubisme, s'y fait remar- quer. Cette tOile qui serait une "bataille de volumes" [selon son auteur], estimprégnée d'une atmosphére sublime, que l'on peut presque qualifier de héroique. Le charme tout particulier, mysté- rieux, qui flOtte autour de cette tOiIe est dü sans doute 自 l'in- Fernand LEGER 36 fluence du Douanier Rousseau. •«Les fumeurs» Dans «Les fumeurs» de 1911 (fig. 3)卩e peintre suit dans sa réalisation tracé théorique, ordonne et met en application de faqon consciente les procédés donnant naissance aux volumes. Sur une colline hors de は ville, des hommes fument は pipe. Sur une table, surle cöté, se trouve une assiette dans laquelle reposent des poires. Sur les deux bas-cötés de route qui monte vers la colline, une file de maisons bordée par une allée d'arbres. La fumée des pipes se dirige, moutonnante, vers ciel du paysage. Ⅱ est intéressant de VOir que cette fumée est appré- hendée ici, non pas comme un fluide gazeux appelé disparai- tre, mais comme une substance pleine de a ⅱ怕 , ayant du volume et manifestant sa présence. Les ronds et les carrés, rouge etle vert,les "contrastes de couleurs et de formes" sont amplement mis en jeu, et parla suite, vont devenir durant toute sa Vie une des préoccupations majeures qui cristallisent dans ね formule disant que "l'intensité des contrastes estle principe essentiel de la peinture moderne'. En 1913 , ⅱ crée une suite ayant comme sujetle «Contraste de formes» (cat. no. 5 ). EIIe résulte d'un progrés effectué partir des «Fumeurs». Le style adopté est abstrait. Les cylindres et les cubes, l'immobilité etle mouvement, ぬ clarté etla lumiére,le souple et rigide, engendrent une variation infinie de contras- tes qui s'emparent de l'artiste etle retiennent. Ⅱ s'empresse de cerner par un contour en noir, tracé avec dynamisme,les rouges, les verts, les jaunes. Le contraste entre les formes d'apparence cylindrique et les figures arétes marquées nous transmet une sensation tactile, toute de rondeur lisse. •La Premiére Guerre MondiaIe En 1914 , ⅱ est mobilisé et est affecté surle front en tant que soldat du génie. Léger, brusquement plongé dans un milieu auquel ⅱ n'est pas habitué, ressent pourtant, dans cette situa- tion particuliére que crée l'état de guerre, communauté qui existe entre la foule des hommes et lui-méme. Cependant, Léger surle f 「 0 猷 n'oublie pas qu'il est peintre, son ⅱ de peintre saisitles rayons de SO 厄ⅱ réfléchis parles obus,les effets de は m 「 e que renvoie un m 引 blanc, con- temple ね馗 a ⅱ de ね guerre. SurIe champ de bataille, ne pou- vant se procurer sa guise du matériel de peinture, ⅱ fait des croquis des soldats dans les tranchées, et sa maniére, d'abs- traite qu'elle était, devient figurative. Du Cöté ennemi, dans les tranchées de l'armée allemande, devait se trouver alors ce peintre qualifié d'artiste du "réalisme magique", OttO Dix ( 1891-1960 ) , qui était caché en tant qu'artilleur.. Lorsque nous songeons aux rapports de l'art avec la guerre, les æuvres d'OttO Dix qui nous viennent d'abord 自 l'esprit sont は série de ses cent gravures sur cuivre, qui sont un document réaliste campant les atrocités de la premiére guerre mondiale, ou bien, sa monumentale «Tranchée» qui fut traitée plus tard par les nazis d"'art d g n " et brülée devantla foule surla place de ね caserne principale des pompiers Berlin. Dans ces chefs- d'æuvre de ね peinture de guerre, OttO Dix réussit arracher et

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ごあいさつ 主催者 ためにご協力いただきました関係各位に心から感謝いたします。 を賜りました外務省 , 文化庁 , フランス大使館 , 並びに本展実現の 重な作品をご出品下さった各美術館及び所蔵家の皆様 , ご後援 本展の開催に当たり , 国立フェルナン・レジェ美術館をはじめ貴 ものです。 3 会場を巡回の後 , 国立フェルナン・レジェ美術館でも開催される から集めた作品約 120 点で本格的に紹介いたします。日本国内 今回はこのレジェの世界を初期から晩年に至るまで , 欧米各地 れています。 最も優れた , モニュメンタルな作品を残した画家として高く評価さ ク , サイクリング , サーカスなど庶民的な世界を描き , 現代における 次大戦後には , 単純明快なデッサンと明るい原色により , ピクニッ た現代生活を素晴らしい構成力によって描きました。さらに第 2 固いフォルムを利用して , ダイナミックな都会の相貌や機械化され 第 1 次大戦を体験したレジェは歯車やピストンのような金属製の その有力な推進者の一人となりました。 1910 年ごろからキュビスム運動に参加 , ピカソ , プラックらとともに ン・レジェ ( 1881 ー 1955 ) はバリの装飾美術学校で学び , やがて フランス , ノルマンディー地方アルジャンタンに生まれたフェルナ Avant-propos Né Argentan en Normandie, Fernand Léger étudie l'EcoIe des arts décoratifs de Paris. Ⅱ adhére au mouvement cubiste des années 1910 , et, par déconstruction et reconstruc- tion de structures aux formes pures et géométriques, ⅱ devient l'un des principaux précurseurs avec notamment Picasso et Braque. Revenu de ね premiére guerre mondiale, Léger adopte alors les formes rigides, metalliques des pistons et cylindres, orien- tant sa peinture vers un constructivisme rigoureux pour montrer 厄 caractére dynamique des grandes villes et les mécanismes de la Vie moderne. ApréS la seconde guerre mondiale, selon son principe de dessins aux contours nets et de couleurs pures, éclatantes, ⅱ affronte les vastes sujets sociaux du cirque, des cyclistes, de ね partie de campagne. Grandement apprécié pourles æuvres monumentales nous a laiSSées, ⅱ l'un des peintres les plus remarquables de notre temps. Le monde de Léger est ici largement représenté avec 120 æuvres couvrant l'ensemble de sa carriére, provenant d'Europe et des Etats-Unis. Pour réaliser la présente exposition, nous avons bénéficié en tout premier lieu d'un considérable prét du Musée National Fernand Léger, de plusieurs autres musées et collections ainsi que du soutient du Ministére des Affaires Etrangéres et de l'Agence des Biens CuItureIs du Japon, et de l'Ambassade de France. A tous, exprimons vive reconnaissance. Nous adressons également nos chaleureux remerciements 自 : Monsieur Jacques Toubon, Ministre de Culture et de Francophonie, Monsieur Jacque Sallois, Directeur des Musées de France, Mademoiselle lréne Bizot, Administrateur Général de Réunion des Musées Nationaux, Madame Sylvie Forestier, Directeur des Collections Nationales du XXe siécle, Région Provence-AIpes-Cöte d'Azur, et Monsieur Georges Bauquier, Directeur, Co-fondateur, Co-donateur, Musée National Fernand Léger, BiOt. Que tous ceux et celles qui ont collaboré自は réalisation de cette exposition, veuillent bien trouver iCi, l'expression de notre gratitude. Les organisateurs

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chercher du cö怕 de psychologie des profondeurs ou de ね philosophie. Ⅱ n'est ni un poéte ni un critique, ⅱ ne se prend pas pour un homme de science, et c'est vraiment en tant que peintre authentique qu'il a laisséね postérité ses æuvres monumentales. ・ Les Etats•Unis Durantles années 30 , Léger alla trois fOis aux Etats-Unis. Ⅱ requt commande du décor de l'appartement de l'amateur d'art NeIson A. RockefeIIer J 「 . En 1940 , quand は seconde guerre mondiale éclate, ⅱ part pour échapper aux désastres de guerre et se réfugie aux Etats-Unis 0 むⅱ reste cinq ans. Pendant ce temps, ⅱ est invité l'université Yale (New-York) et au Miles College (OakIand) comme chargé de cours en art. Les Américains, optimistes, pleins de fougue et de vitalité, originaux et au comportement surprenant, formant un Si bon contraste avec les Franqais.• le peintre est enthousiasmé par u 「 caractére. Ⅱ dit de ses tOiles de ぬ période américaine qu'il n'aurait jamais pu les peindre en France. Les Etats-Unis, c'est-å-dire pour Léger un "continent nou- veau", ont exercé sur ses æuvres une influence dont l'impor- tance n'est pas mince. Les occasions de réaliser des peintures murales de grande dimension s'y SO 猷 multipliées. ⅱ développe et poursuit des thémes qu'il avait d 匂 commencé explorer quand ⅱétait en France. Un de ces thémes se trouve dans ね série des «Plongeurs», 自 laquelle appartientle «Plongeur rouge» datant de 1943 (cat. nos. 38 , 83 , 84 ). Ⅱ peint des masses corporelles enlacées dans lesquelles on ne distingue pas bien 0 む se trouvent les mains et 0 se trou- vent les pieds. La sensation des volumes, des distances, est réduite de maniére extréme, et ⅱ en résulte une composition faite de plans, qui convient une peinture murale de trés grande surface. De grands rectangles fins qui sont audacieusement allon- gés, sans aucun lien avec les autres éléments de la tOile, des "bandes de couleur", des flux de couleur simplifieés 自 l'extréme, formant contraste avec les méandres mous du contour des per- sonnages: voiciles caractéristiques frappantes de ね période qui suit son établissement aux Etats-Unis. Cette tentative réussit aussitöt dans «La danse» (fig. 5), réali- Sée la méme année. Les "bandes de couleurs ” viennent se superposer des figures humaines dont 厄 contour a t cerné par un trait, fil ou réseau, traversentla tOiIe de haut en bas, et se meuvent en toute liberté. Aprés は fin de ね guerre, Léger quitte les Etats-Unis en décembre 1945. Pour ce peintre qui ne parlait presque pas l'anglais, les Etats-Unis furent un pays Oüⅱ séjourna agréable- ment en höte de passage. •La période de maturité Rentré Paris, Léger entre littéralement dans sa période de maturité, et expose de grandes æuvres, l'une ね suite de l'autre. Ce qui ressort en général, ce sont des compositions dans lesquelles un corps humain se dresse, superbe, au centre. Ⅱ semble étre revenu 自 un "style classique", mais ⅱ ne s'agit cer- tes pas de は reprise d'une facture antérieure. Dans «Les loisirs, hommage a Louis David» (fig. 6) apparais- sent ね simplicité et l'immédiateté, qualités dont Léger ne cessa jamais de chanter les louanges, maiS ⅱ n'y a trace ni d'austérité ni de sécheresse. Des formes pleines d'élan, des couleurs remplies de vigueur, un essor, une gaieté extraordinaires sont engendrés:la critique qui y voit de l'ennui et un ton monocorde tombe faux. Cette æuvre est classer dans nombre des tra- vaux représentatifs de ぬ maturité. A cette époque, ⅱ peint «Les constructeurs» (fig.7; cat. nos. 90 , 91 , cf.les dessins préparatoires): aussi on peut suivre 厄 cheminement de réflexion plastique de Léger et l'éclaircir au moyen du mot-clé, "contraste". Aprés 1940 , ⅱ exécute plu- sieurs piéces portantle méme titre. La derniére d'entre elles, datant de 1950 , surpasse de beaucoup les autres parla justesse des touches, par son format de trois métres de long sur deux métres de large. Le "contraste" entre les courbes molles des figures humai- nes et du contour des nuages qui flottent dans ciel, et les droites créées parles charpentes métalliques de は structure en cours de construction constitue 厄 théme de cette æuvre. On dirait qu'il revient en arriére, vers ce sujet qu'il avait exploité antérieurement, la machine. Pourtant, sa ViSion de la machine est désormais fondamentalement différente. Jadis, ⅱ avait chantéね louange de ね technologie moderne plutöt que celle de l'homme, cette fois-ci, ⅱéclaire aussi l'homme. La sil- houette de l'homme fabriqué partir de piéces détachées, inor- ganique comme un robot,tel qu'ill'aimait dans les années 20 , disparait, et une conformation "humaine" lui est donnée. Néan- moins, ce n'est pas dans l'expression de l'aspect humain des personnages que réside son souci principal, maiS c'est jusqu'au boutle "contraste pictural" qui l'attire. Dans cette tOile, Léger chante trés hautle "poéme épique du travail" en maniant librement les contours épais et énergiques, les couleurs vives et claires. •«La Grande Parade» En 1950 , Léger publie un ouvrage intitulé "Le cirque". Ⅱ avait consacré, trois ans 厄 préparer et s'était plongé dans l'étude du cirque. Dans cet ouvrage, des thémes qui seront traités par ぬ suite dans ses toiles apparaissent fréquemment. La description trés vivante de ぬ parade des artistes devantle public, avantla représentation, correspond dans l'expression écrite 自 l'æuvre picturale «La Grande Parade». Ⅱ consacra beaucoup d'énergie 自 la rédaction de son livre sur cirque, maiS exécuta aussi avec passion un grand nombre de dessins et d'ébauches (cat. nos. 45 , 96 , 106 , 107 ). En 1953 , dans «La Grande Parade sur fond rouge» (cat. no. 45 ) , les personnages sont cernés d'un trait noir, et l'ensemble du groupe est placé devant un fond rouge. Dans «La Grande Parade» de 1954 , derniére æuvre de ぬ série surle méme théme, ⅱ est fait amplement usage de "couleurs en liberté", qui ne subissent pas les contraintes des formes des Objets. Cette æuvre de trés grande dimension, qui fait trois métres de long sur quatre métres de large, est ぬ plus importante des réalisa- tions de derniére période de Léger (fig. 8). Les personnages sont traités selon une technique du clair- Fernand LÉGER 39

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tendance taxait les avant-gardes de décadence due 自 l'indivi- dualisme. Ce mouvement, qualifiéégalement de "Retour l'ordre" sou- tenu par l'idéologie conservatrice en France, a exercé une grande influence. A ね v ⅱ怕 , cette faqon de penser n'était pas nouvelle. D , au moment de la naissance du cubisme, les criti- ques de droite avaient soutenu mouvement au nom de la tra- dition nationale. lls voyaient dans ぬ filiation de Cézanne au cubisme, qui insiste sur la forme et は raison, une opposition ね décadence impressionniste, fondée sur les couleurs et la sen- sibilité. Cette idéologie considérait encore ce retour 自 forme et la raison comme synonyme du renouveau de la tradition franqaise, méditerranéenne et classique. Des artistes comme Juan GriS, Severini, Picasso qui avaient t cubistes ou futuris- tes, ralliérent ce mouvement et abandonnérent pour un temps leurs recherches d'avant-garde. «Le Mécanicien» (fig. 4) peint en 1920 et ね série «paysa- ges animés» sont les premiéres æuvres de Léger qui 1 moi - gnent de sa réaction vis vis de cette tendance. Dans "Le Mécanicien", Léger choisit pour sujet un ouvrier d'usine, théme typique de l'esthétique de ぬ machine. Cependant, dans ce tableau,la figure principale n'est plus une machine ou un - ment mécanique, maiS corps humain, musclé, d'un ouvrier qui fume tranquillement une cigarette. Cette composition associée un dessin géométrique en arriére-plan établit un équilibre et un dialogue entre ね beauté de ね machine et l'homme qui ね conqoit et l'utilise. Le style primitif de ce modelé, rendu avec simplicité, fait songer aux peintures d' Henri Rousseau. Dans cette æuvre, la dissonance entre l'homme et la machine a diS- paru. Léger manifeste sa volonté d'établir un nouvel ordre dans ね société technologique, sans opposerlatradition åla modernité. Le «Grand Déjeuner» (fig. 5) de 1921 , est l'æuvre ね plus im- portante de son époque néo-classique. Léger choisit de repré- senter trois femmes nues, théme classique par excellence. Dans cette tOile, les lignes horizontales assurent ぬ stabilité de composition. C'est un chef-d'æuvre du néo-classicisme, au méme titre que «TrOis Femmes ね source» (fig. 6) de Picasso, peint la méme année. Toutefois, Si la peinture de Picasso rap- pelle une fresque classique, Léger,lui, choisit de donner aux corps féminins une texture lisse et ferme, identique celle des Objets disposés autour des femmes. ⅱ remplace ainsiles caté- gories traditionnelles de l'art parles termes de technologie. Dans un texte rédigé en 1923 , Léger note: “ Un tableau organisé, orchestré comme une partition, a des nécessités géométriques absolument semblables toute création objective humaine (réalisation industrielle ou commerciale). ' Sila logique du modernisme légitime courant vers は pure peinture abstraite, néo-classicisme d'aprés-guerre constitue une réaction conservatrice. Chez Léger, cependant, cette expé- rience du néo-classicisme allait lui permettre d'affirmer ses con- victions: réaliser une harmonie entre l'homme et la machine. ・ Léger etles avant•gardes Le parcours de Léger rencontre ici celui de l'architecte- peintre CharIes-Edouard Jeanneret—dit Le Corbusier—et du peintre Amédée Ozenfant qui inaugurentle "Purisme". En 1918 , Fernand LEGER 50 Jeanneret et Ozenfant publient un livre intitulé "Aprés 厄 cubisme". En 1920 , ils lancent は revue "Esprit Nouveau" qui devait jouer un röle primordial dans ね critique d'aprés-guerre. En 1920 , Jeanneret réalise «Nature morte 自 pile d'assiet- tes» (fig. 7). Cette æuvre se situe dans ぬ lignée des tableaux cubistes, maiS pourtant nous pouvons y reconnaitre divers - ments qui en sont résolument différents et qui illustrent ce que sera Purisme. Si un instrument de musique et des assiettes —objets familiers des æuvres cubistes—sont représentés sous plusieurs angles, schématisés et mis en äplat, ils gardent toute- fOiS leurs contours contrairement au mode de représentation cubiste 0 む les Objets sont décomposés jusqu'åは limite de l'abs- traction. Léger, tout comme Jeanneret, semble mettre en valeur ね beauté intrinséque formelle des Objets industriels. C'est par ce biais que les deux peintres placent les objets industriels et les æuvres d'art sur un méme plan d'égalité. L'amitié entre Léger et Le Corbusier était née. En 1921 , Léger expose «Grand Déjeuner» au SaIon d'Automne. La revue "Esprit Nouveau publie un compte-rendu de l'exposition et place en vis vis sur deux pages une reproduction du tableau et une photographie du paquebot "Paris", pour mieux montrerle rapport esthétique commun aux deux réalisations. La rencontre avec Le Corbusier a permis Léger d'appro- fondir sa réflexion sur les rapports entre architecture et pein- ture. En 1925 , 自 l'occasion de l'exposition des Arts Décoratifs, Le Corbusier réalise son célébre Pavillon de l'Esprit Nouveau (fig. 8) qui témoigne de sa conception de l'architecture moderne. Et c'est un tableau de Léger, «Le BaIustre» (fig. 9), qu'il choisit de placer 自 l'intérieur. A cette méme exposition, maiS pour PaviIIon dessiné par Robert Mallet-Stevens, Léger réalise une peinture murale dont ぬ composition est purement abstraite. Le Purisme a exercé divers effets sur Léger.lll'a d'abord aidé自 comprendre l'esthétique des Objets produits par ぬ tech- nologie, saisir l'importance d'une conception qui crée une synthése avec l'architecture, ensuite illui a permis de connaitre les autres mouvements avant-gardes qui fleurissaient un peu partout en Europe. L'intérét de Léger pour mouvement "De StijI" n'était pas sans rapport avec "Esprit Nouveau ” , mais ⅱ venait aussi de ぬ relation qu'il avait avec ね galerie "Efforts Modernes" dirigée par Léonce Rosenberg avec qui Léger avait établi un contrat pendantla guerre. Cette galerie avait en effet témoigné trés töt de son intérét pourle travail de Mondrian et de Van Doesburg. Dés 1923 , Rosenberg avait organisé une exposition consacrée au groupe "De Stijl". En contrepartie, des æuvres de Léger et texte de sa conférence avaient 1 publiés dans ぬ revue du groupe. C'est aussi ce qui explique que ses «Compositions murales» SOient extrémement proches du style trés abstrait qu'il utilise autour des années 1925 (cat. no. 32 ). Léger s'intéresse également au constructivisme qui apparait en Russie, aprés ね Révolution de 1917. Ses premiers contacts avec は Russie remontent 自 l'époque 0 むⅱ vivait "La Ruche", 自 Montparnasse. C'est qu'il devait rencontrer des artistes rus- ses comme Chagall ou Alexandra Exter. En 1922 , Elsa TriOlet lui avait fait rencontrer poéte Maiakovski. Aussi éprouva-t-il un grand intérét pourla situation politique et culturelle de l'Union

7. Fernand Léger

ー《自転車に乗る人々》にみられる画中人物の 身じろぎのなさ , および正面性は , レジェが熟知 したコンポジションの原則への回帰を示してい る。しかしながら , 日常のありふれた出来事の 中からとらえられた , ある新しい要素が彼の絵 のなかに現われている。自転車である。自転 車は , 第 2 次世界大戦による物資の制限以来 , アメリカ合衆国で大いに普及したものである。 こうした要素の取り込みが近代性への配慮に 応じたものであるということ 自動車の登場 はこれより数年後のことになるが一一一一それは十 分にありえることだ。とはいえ , おそらくは , この 自転車の登場は , 自転車がもたらすさまざまな コントラストの多様性にいっそうのこと因るもの だろう。フレームの硬い線 , ハンドルの湾曲 , サドルの非幾何学性 , 車輪の円環的シンメトリ , また付随的なものだが , これまでに用いられ た花瓶や花や本やオウムといった全く異なる要 素と同様に , ペダルとチェーンによってもたらさ れる活気がある。こうした対照的な要素は自 転車に乗る人々のさまざまなヴァージョンで大き な役割を持ち , 画中人物に対立して , 部分と全 体との幾何学的な関係を等しく保証するだろ La fixité des personnages, ね frontalité des «Cyclistes», marquent un retour aux princi- pes de composition chers Léger. Toutefois, pris dans ぬ banalité du quotidien, un 昏 ment nouveau apparait dans sa peinture: une bicyclette; cette bicyclette dont l'usage s'est fortement développé aux Etats-Unis depuis les restrictions imposées par guerre. Qu'une telle insertion réponde un souci de modernité—l'automobile intervien- dra quelques années plus tard—est fort pos- sible. 日 est cependant plus probable que cette intervention de ね bicyclette soit davan- tage due ね variété des contrastes qu'elle Offre: rigidité linéaire du cadre, courbure du guidon, antigéométrisme de selle, symé- trie circulaire des roues, animation, mineure certes, apportée par 厄 pédalier etla chaine, autant d'éléments fort dissemblables des vases, fleurs, livres et méme perroquets jusqu'ici employés. Ces éléments de con- traste auront un 「引 e majeur dans les diffé- rentes versions des cyclistes 0 こ ilS seront opposes aux personnages, et assureront également lien géométrique entre les diverses parties de l'ensemble. G. B. つ。 Fernand LEGER 140 G. B. 37 4 人の自転車乗り Les quatre cyclistes 1943 ー 48 油彩 , カンヴァス huile sur toile 130X163Cm Musée NationaI Fernand Léger, BiOt Donation N. Léger et G. Bauquier 37

8. Fernand Léger

publics. Dans tous les pays confrontés cette crise CO - nomique et sociale, on réclame un art collectif et destiné au grand public. Cette tendance se ressent particuliérement tra- vers mouvement de peinture murale qui s'épanouit au Mexi- que, au sortir de は révolution de 1910. Des artistes mexicains tels Rivera, Orozco et Siqueiros travaillent également aux Etats- Unis et Rivera réalise une peinture murale Détroit ( fig. 14 ). Les Etats-Unis attirent aussi Léger qui envisage de réaliser un grand art social et populaire. A partir de 1931 , ⅱ effectue plusieurs fOis ね traversée de l'Atlantique. Ses efforts aboutiront, en 1952 , ぬ décoration du Palais de ド ONU. 1936 est une année décisive dans l'histoire politique fran- qaise. Le Front Populaire, acclamé parle peuple enthousiaste, prend le pouvoir. Plusieurs tendances de gauche sont rassem- blées et, pourla premiére fois,le Parti Communiste est repré- senté au sein du gouvernement. On encourage, parmi les ouvr- iers,le sport etles sorties ね campagne. Les tOiIes que Léger exécute de ね Seconde Guerre Mondiale jusqu'aux années 1950 ont souvent pour sujet des ouvriers qui profitent des loisirs que leur Offre fin de semaine. Ce théme pictural remonte aux années du Front PopuIaire. Le Front Populaire rassemble toutes les tendances politi- ques de gauche, mais aussiles artistes d'avant-garde:I'AIIema- gne nazie a en effet condamné l'art moderne comme un d g n r ざ '. Cependant tous n'avaient pas les mémes concep- tions plastiques et de violents débats opposaientles membres de ce rassemblement anti-fasciste. En Union Soviétique, partir des années 1920 , l'art avant-gardiste avait 怕 annihilé et, en 1934 ■ e réalisme socialiste devenait l'art officiel. L'opposition entre réalisme socialiste et l'art moderne apparait trés nette- ment, en France, dans は "QuereIIe du Réalisme" qui oppose, en 1936 , Aragon d'un cöté et, Le Corbusier et Fernand Léger de l'autre. La peinture murale (fig. (5) réalisée par Léger pourla salle de culture physique du Pavillon franqais de I'Exposition Univer- selle de BruxeIIes, en 1935 , est une parfaite illustration de sa conception du "Nouveau Réalisme". Son travail qui se présente sous は forme d'une grande composition s'adresse directement au grand public parl'intermédiaire du théme du sport, tout en conservant un langage propre l'art moderne. L'Exposition Universelle qui se tient Paris en 1937 refléte ね gravité de ね situation politique qui touche I'Europe etl'opposi- tion des milieux artistiques face cette crise. Une photographie de は Tour Eiffel prise du haut de l'esplanade du Trocadéro nous montre, droite,le Pavillon soviétique surmonté par une gigan- tesque sculpture représentant un couple d'ouvriers, tandis que 厄 Pavillon allemand, gauche, dessiné par Albert Speer,l'archi- tecte p 虍怕馗 d'HitIer, est surmonté d'un aigle ( fig. 16 ). Cette phO- tographie nous parait étre un témoignage remarquable des tensions politiques, en Europe, ぬ veille de Seconde Guerre Mondiale. Léger, toujours 自 sa propre conception de l'art public, a réalisé des peintures murales pour cinq Pavillons. Le photo- montage—aujourd'hui disparu—qui décorait PaviIIon de I'Education représentait des turbines, des pylönes électriques, un ouvrier. Cette æuvre avait pour titre «TravaiIIer» ( fig. 17 ). pour Pavillon de ね Découverte, ⅱ utilise l'huile et prend comme support une tOile de grandes dimensions. Ce tableau qui Fernand LEGER 52 n'existe plus, était intitulé "Le transport des forces". L'artiste avait chOisi de célébrerla force hydroélectrique par une juxtapo- sition ね maniére d'un collage cubiste ou d'un photomontage dadä(ste ( cat. no. 77 ). Malgré les efforts de Léger pourla recherche d'un art acces- sible au grand public, c'est Picasso qui réalisera l'æuvre plus importante pour cette Exposition Universelle, avec «Guernica», exposée dans 厄 Pavillon espagnol, qui Offre les dimensions d'une véritable composition murale. Les æuvres les plus significatives de Léger pendant les années 30 ne sont pas ces décorations murales destinées au grand public, mais bien plutöt les grands tableaux qu'il a peints, solitaire, dans son atelier, PariS. Ces compositions nous présentent, d'un cöté, un homme et une femme aux corps massifs et, de l'autre, une structure architecturale Oüは vitesse etles lumiéres caractéristiques de ぬ civilisation technologique moderne sont absentes. Ces figures humaines figées dans 厄 temps éternel nous révélent sa conception de l'humanité. Ces tOiIes témoignent tout autant que Guernica, de は tentative d'un artiste, face ces annees critiques. En 1940 , Léger part se réfugier aux Etats-Unis, emportant avec lui «Composition aux deux perroquets» (fig 18 ) æuvre laquelle ⅱ attachait une grande importance. Cette toile, qu'il aurait aimé présenter au public franqais, fut pour la premiére fOis exposée aux Etats-Unis. [Traduction Erika PESCHARD-ERL 旧 ]

9. Fernand Léger

■ 1914 年 5 月 9 日 , あと数か月で戦争が始まる 頃 , レジェはいつものようにアカデミー・ワシリエ フに赴き , 「現代絵画の諸成果」というある新し い講演をおこなう。 「・・・・・・芸術作品はその時代にあって意味を 持つものでなければなりません。いかなるもの であっても , 他のあらゆる知的表明と同様にで す。絵画は , それが眼に見えるものであるから こそ , 必然的に外的状況の反映となるのであっ て , 心理的状況の反映ではありません。あらゆ る絵画作品はこの一時的かっ永遠の価値を 含まなければならず , その価値は創造された時 代を超えて持続するのです。絵画表現が変わ ったのは , 現代の生活がそれを必要としたから です。現代の創造的な人間の生活は , 前世紀 の人々の生活よりもはるかに凝縮されており , はるかに複雑です。想像力が生み出すものは以 前よりもゆらぎ , オプジェそれ自体も前ほど人 目に触れてはいません。 ( ・・・・・・ ) 現代絵画の 凝縮 , その多様化 , そのフォルムの分裂は以上 のすべての結果です。交通手段の発達とその 迅速化が , 新しい視覚に何らかの関係をもって いることは確かです。大勢の浅薄な人々が絵 画の前でその混乱を非難しています。なぜな ら , 彼らは絵画の領域においてはそれが定着し ている日常生活のあらゆる変化について行くこ とができないからです。彼らは突如断絶が降 ってわいたと思っていますが , 絵画は , 反対に 今日ほど現実的で時代に密着したものでは決 してなかったのです」。 52 形態のコントラスト Contraste de formes 1913 グワッシュ , 紙 gouache sur papier 29 , 5X23 , 5cm SprengeI Museum, Hannover Fernand LEGER 68 Le 9 mai 1914 , quelques mois de ね guerre, toujours l'Académie Wassilief, Léger donne une nouvelle conférence sur: Réalisa- tions picturales actuelles" 、 Une æuvre d'art dOit étre significative dans son époque, comme toute autre mani- festation intellectuelle quelle qu'elle soit. La peinture, parce qu'elle est visuelle est néces- sairement reflet des conditions eXtérieU- res et non psychologigues. Toute æuvre pic- turale dOit comporter cette valeur momen- tanée et éternelle qui fait sa durée en dehors de lépoque de création. Si l'expression pic- turale a changé, c'est que ぬ vie moderne l'a rendu nécessaire. L'existence des hommes créateurs modernes est beaucoup plus con- densée et plus compliquée que celle des gens des SiéCles précédents. l-a chose ima- ginée reste moins fixe, l'Objet en lUi-méme s'expose moins que précédemment. (... ) La condensation du tableau moderne, sa variété, sa rupture des formes est ぬ résul- tante de tout cela. Ⅱ est certain que l' VO 旧 - tion des moyens de locomotion etleur rapi- dité sont pour quelque chose dans visuel nouveau. Nombre de gens superficiels crient l'anarchie devant ces tableaux, parce qu'ils ne peuvent suivre, dans domaine pictural toute l'évolution de ね vie courante qu'il fixe; l'on croit une SO 旧 tion brusque de disconti- nuité quand, au contraire, ね peinture n'a jamais autant réaliste et collée son époque qu'aujourd'hui. " F.L.

10. Fernand Léger

obscur, et on y VO 杙 des traces de modelé. Les "flux de couleur" vivement et nettement coloriés, se déplacent avec aisance et suscitent l'illusion de ね profondeur spatiale. La charpente de ね tOile est essentiellement soutenue par des bandes, des roues de couleurs et par des contours noirs. Le centre est occupé par une bande bleue qui s'étend 自 l'horizontale comme une sorte de lin- teau. SurIe cö怕 gauche, une bande orange verticale vient s'y croiser, et sur cöté droit, c'est une grande roue écarlate qui soutient ね bande centrale. Ⅱ y a des voltigeurs, des écuyers, un Pierrot, des acrobates, en tout neuf personnages, et un cheval, ainsi que plusieurs accessoires de cirque. La bande circulaire rouge représente cer- tainement un C, initiale du mot "cirque". C'est peut-étre aussi une évocation de la forme circulaire de la piste du cirque. «La Grande Parade» estl'expression de ce qu'il y a de meil- leur dans l'art du cirque, et c'est, dans méme temps,le point culminant de l'art de Léger.. On peut y voirle bilan final du travail d'une Vie. Ce qui nous est donné VOir ici, étayé par l'assurance de l'artiste, c'est une orientation artistique explicite que ド on peut qualifier de "nouvelle peinture réaliste", et qui n'est ni une imitation ni une reproduction de ぬ réalité,—c'est l'horizon qu'il a défriché lui-méme, apréS étre passé par divers courants de l'art moderne—post-impressionnisme, fauvisme, cubisme. L'année qui suivit l'achévement de cette æuvre, la Vie du peintre prit fin 17 aoüt 1955 , trois ans aprés son installation Gif-sur-Yvette, dans ね banlieue de Paris. Ⅱ avait soixante- quatorze ans. Les æuvres de Léger n'ont pas prévu ね situation cruelle de ね société d'aujourd'hui dans laquelle l'homme est aliéné et démoli parla machine. Ⅱ ne lance pas d'avertissement devant 厄 destin qui rendra peut-étre fatal ces techniques inventées par l'homme. Ⅱ n'y a pas chez luile désir de se moquer de l'essence de ね civilisation scientifique en mettant cyniquementle doigt sur ses aspects négatifs. Ce fils de paysan solidement charpenté, profondément et vigoureusement enraciné dans sa terre natale de Normandie, a contemplé avec une curiosité inassouvible et une émotion neuve,la société moderne de la civilisation de は machine dans sa phase de développement. ⅱ a scrutéは réalité, et a dressé "le procés-verbal de son époque". Ne se limitant pas 自 une descrip- tion explicative, ⅱ a réussi tirer de la Vie quotidienne dans sa routine et dans son affairement une "épopée du peuple" d'une généreuse ampleur,. Léger a construit son usine dans un pays de Cocagne" moderne, dans une Arcadie du travail et y a ins- t ses machines. Et , ⅱ a joui des structures solides net- tes, du bel éclat métallique des parties détachées des machi- nes. Ⅱ ne se pose pas en critique aigu de la SOC , ⅱ n'en dénonce pas impitoyablementles maux, jetant ceux-ci aux yeux du public, mais ⅱ coule un regard plein de bonté vers ceux qui, hommes ordinaires, se livrent des lOiSirs comme le V ー 0 , le pique-nique, ね plongée sous-marine, et en fait une description paiS ・ ible. Son intérét s'est concentré sur les aspects visuels, plastiques des choses, et ⅱ a raconté sans jamais se lasser plaisir de vivre, les réves de l'existence des travailleurs l'åge technologique. Ⅱ ne fut pas envoüté comme ses contemporains, artistes ぬ pointe de l'avant-garde, par ね "magie de は beauté" Fernand LÉGER 40 n'a pas instauré un univers artistique difficile et ésotérique. Sa maniére VOlue chaque période, maiS sur la totalité de sa Vie, ⅱ n y a pas de contradiction majeure dans contenu de son tra- vail. Ⅱ ne se fourvoie pas dans des impasses, ⅱ est un peintre qui tout droit, sans hésiter, continue son chemin dans la pein- ture. Se plongeant tout entier dans は réalisation, ne faisant pas partie d'une classe privilégiée, Léger a créé un grand nombre d'æuvres monumentales, en les destinant dans son idée aux classes populaires. Ⅱ a réussi faire de sa Vie une Vie de peintre ne déviant pas de sa ligne d'honnéteté mo 「 a , une vie trés four- nie de plasticien. Le caractére populaire de sa peinture est un point de contro- verse. Depuis qu'il en fit l'expérience durant la premiére guerre mondiale,le sentiment de solidarité avec peuple ne quitta plus. ⅱ visa un "art pour tous ” , eutle désir de peindre une pein- ture facile comprendre et de recevoir l'adhésion d'une large couche sociale, et fit des efforts pour ériger un "Olympe du peu- ple", 0 む trönerait ね désse populaire du Beau. En 1945 , s'il entre au Parti Communiste Franqais, c'est dans l'espoir de renforcer en tant qu'artiste sa solidarité avec peuple. Pourtant, que ce SOit lors de ses nombreuses expositions personnelles, ou lors des rétrospectives qui lui furent consa- crées aprés sa mort, on n'a jamais dü y entendre pousser de ces cris d'alarme joyeux qui indiquent que les files de visiteurs sont interminables et qu'il y a une foule noire devantles tOiles accro- chées. Ce n'est pas 自 Léger qu'il faut demander は virtuosité de Chagall qui captive les cæurs, en lanqant sur eux son filet de douce fantaisie. Ⅱ n'eut pas non plus l'occasion d'étre adulé comme Renoir avec ses tOiles qui connaissent fond la faqon de toucherla fibre sensible du grand public. En somme, Léger ne parvint pas atteindre une popularité décisive. Le but de ses efforts fut de créer "pourle plus grand nom- bre", maiS sa peinture demeura en fin de compte une peinture appréciée d'une élite cultivée, raffinée aussi bien du point de vue intellectuel que du point de vue esthétique. Tout en conce- vantl'espoir d'étre compris du grand public, ⅱ n'aura pas vu cet eSPOlr Slncére exauce. Cependant Léger aura eu ぬ chance d'étre compris par une poignée de vrais admirateurs et de posséder comme ami de toute une vie remarquable artiste que fut Le Corbusier. Ⅱ nous est impossible de savoir quelles pensées auraient remué厄 peintre devant les profondes ténébres qu'engendre cette différence de niveau insurmontable, et selon ses propres termes, ce "contraste" violent entre ね SOC technologique, utopique, répétition de son réve d'espoir, etle noir tableau de ぬ SOC 怕 du XXéme siécle, qui a fait l'expérience de deux guerres mondiales. [Traduction Fumi YOSANO]